La Banque du Canada maintient son taux directeur à 2,25 % dans son annonce de décembre 2025
Ce que cela signifie pour votre taux hypothécaire
Après plusieurs baisses successives, les responsables de la politique monétaire reviennent au statu quo. Dans sa dernière annonce de l’année 2025, la Banque du Canada a décidé de maintenir inchangé son taux de financement à un jour à 2,25 %, lequel sert de référence aux prêteurs pour établir leurs taux préférentiels et, par conséquent, les taux hypothécaires variables. Cela marque le début d’une période de stabilité des taux dans un avenir prévisible.
En conséquence, le taux préférentiel au Canada demeure à 4,45 %, et le taux hypothécaire variable sur cinq ans le plus bas reste lui aussi fixé à 3,45 %.
Cette décision fait suite à deux baisses consécutives en septembre et en octobre, qui avaient réduit le taux directeur de 50 points de base au total, pour le ramener à 2,25 %. Il s’agit de son niveau le plus bas depuis le printemps 2022, ce qui le place dans le bas de la fourchette que la Banque considère comme « neutre » – une baisse supplémentaire risquerait d’alimenter l’inflation.
Combinées aux sept baisses de taux mises en œuvre entre juin 2024 et mars 2025, ces décisions portent la réduction totale du taux directeur à 275 points de base par rapport à son sommet de 5 % atteint il y a cinq ans.
Un maintien des taux largement anticipé
Le fait que la Banque ait décidé aujourd’hui de lever le pied sur les mesures de relance n’a guère surpris les économistes. Sa politique monétaire annonçait clairement dans sa dernière communication que, si l’inflation et la croissance évoluaient comme prévu, le taux directeur actuel était « à peu près au bon niveau » pour soutenir les conditions actuelles. Elle a réitéré ce message aujourd’hui, rappelant que si « l’inflation et l’activité économique évoluent globalement conformément » à ses projections d’octobre, le taux actuel permettra d’assurer la stabilité économique, notamment grâce à des ajustements liés à la politique commerciale.
La Banque a toutefois indiqué que la situation pourrait changer si le contexte économique se détériorait ou si les droits de douane entraînaient une volatilité accrue des prix. « Si les perspectives changent, nous sommes prêts à réagir. La priorité de la Banque est de préserver la confiance des Canadiennes et Canadiens dans la stabilité des prix pendant cette période de bouleversements mondiaux », peut-on lire dans le communiqué.
Ce qui a encore réduit la probabilité d’une nouvelle baisse, ce sont les dernières données économiques, nettement plus solides que prévu, en particulier sur le marché du travail. Le rapport de novembre a dépassé toutes les attentes : 54 000 emplois ont été créés, ce qui a fait reculer le taux de chômage de 0,4 point pour s’établir à 6,5 %.
Cette surprise positive s’ajoute au rapport du PIB du troisième trimestre, qui a montré une croissance de 2,6 % entre juillet et septembre – bien supérieure aux prévisions de 0,5 % de la Banque du Canada – écartant du même coup tout risque de récession. La Banque affirme que cette vigueur inattendue s’explique en grande partie par la volatilité des échanges commerciaux. Elle prévoit que, même si la demande des consommateurs restera forte au quatrième trimestre, les exportations reculeront, ce qui entraînera un dernier trimestre plus faible. La croissance devrait se redresser l’an prochain, mais demeurera exposée à de nombreuses incertitudes commerciales. La Banque souligne aussi que, malgré des chiffres de l’emploi solides, les industries touchées par les droits de douane ont été particulièrement affectées et continueront d’affaiblir l’économie tant que les entreprises devront composer avec des coûts d’exportation supplémentaires.
L’inflation demeure également proche de la cible de la Banque : l’inflation globale d’octobre s’établit à 2,2 %, et les mesures de base montrent un ralentissement généralisé de la croissance des prix dans plusieurs catégories de biens et services de consommation. Globalement, la Banque prévoit que l’inflation restera proche de 2 % à court terme, même si les effets sur douze mois de l’exonération de la TPS l’an dernier commencent à s’atténuer. Cela renforce encore l’argument en faveur d’un maintien prolongé des taux.
La Banque du Canada continuera-t-elle à maintenir ses taux inchangés?
Ce qui demeure plus incertain, ce sont les prochaines décisions de la Banque. Même si l’économie montre une résilience notable face aux changements de la politique commerciale mondiale, les décideurs monétaires doivent toujours composer avec de nombreuses incertitudes. L’économie pourrait être frappée à tout moment par de nouvelles perturbations tarifaires, et la renégociation de l’Accord États-Unis-Canada-Mexique (AEUMC), prévue pour cet été, constitue un important facteur de risque. En cas d’échec, un volume important d’exportations canadiennes pourrait à nouveau être soumis à des droits de douane, ce qui déstabiliserait l’économie.
Dans l’ensemble, toutefois, les marchés misent sur la stabilité et sur une faible probabilité de nouvelles baisses de taux au Canada. Les rendements obligataires reflètent déjà cette vision, ayant augmenté régulièrement après la publication des rapports sur le PIB et l’emploi. Sur le marché des devises, le rendement des obligations du gouvernement canadien à cinq ans dépasse désormais 3 %, un niveau inégalé depuis août. Et si l’inflation commençait à remonter, il ne serait pas exclu que la Banque augmente à nouveau ses taux au cours de la nouvelle année.
Qu’est-ce que cela signifie pour votre taux hypothécaire?
Les taux hypothécaires variables ne changeront pas
Les personnes les plus directement touchées par ce maintien des taux sont celles qui détiennent déjà un prêt hypothécaire à taux variable. Leur taux actuel demeurera inchangé, de même que le montant de leurs mensualités et la part allant au paiement des intérêts.
C’est aussi une bonne nouvelle pour ceux qui magasinent actuellement un taux variable, puisque les taux demeurent les plus bas depuis 2022. Toutefois, il est toujours possible que les prêteurs réduisent l’écart entre leurs taux et le taux préférentiel au cours des prochains mois. Il reste donc judicieux de geler un taux maintenant afin de garantir l’accès à ces écarts et à ces conditions.
Les taux hypothécaires fixes sont déjà en hausse
Les taux fixes ne sont pas directement déterminés par la politique de taux de la Banque, mais ils sont influencés par le marché obligataire. Lorsque le risque associé aux obligations – et donc leur rendement – augmente, les prêteurs ajustent leurs taux fixes en conséquence. Au cours de la semaine précédant l’annonce, les taux fixes ont déjà bondi d’environ 20 points de base. Le taux fixe sur cinq ans le plus bas s’établit désormais à 3,89 %.
Cela n’a aucune incidence pour ceux qui détiennent déjà un taux fixe, puisque celui-ci reste garanti jusqu’à la fin du terme, quelles que soient les conditions du marché. Toutefois, le même principe s’applique aux nouveaux emprunteurs : avec les rendements obligataires en hausse et des données économiques plus solides que prévu, ils doivent s’attendre à une nouvelle augmentation des taux fixes.
Un scénario différent au sud de la frontière
Les observateurs des taux au Canada devraient aussi garder un œil sur la politique monétaire américaine, puisqu’elle influe sur les marchés obligataires canadiens et peut influencer, dans une certaine mesure, les décisions de la Banque du Canada.
Actuellement, la Réserve fédérale américaine (Fed) – l’équivalent de la Banque du Canada – évolue dans un contexte bien différent. Malgré des données économiquement et inflationnistes solides, la Fed subit d’importantes pressions politiques pour abaisser ses taux. On s’attend à une réduction de 25 points de base de son taux des fonds fédéraux dans son annonce prévue cet après-midi, possiblement accompagnée d’un message indiquant une période de maintien par la suite. Ce désaccord entre la Fed et la Maison-Blanche pourrait accentuer la volatilité des marchés, surtout si une baisse prématurée alimente l’inflation américaine.
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Penelope Graham, Directrice des contenus
Penelope Graham a plus de dix ans d'expérience dans le domaine de l'immobilier, des hypothèques et de la finance. Ses commentaires sur le marché du logement sont publiés dans les médias nationaux et locaux.