À quoi les emprunteurs hypothécaires peuvent-ils s’attendre en 2026?
5 prévisions hypothécaires pour la nouvelle année
1 - La fin des fluctuations des taux variables – pour l’instant
L’année 2026 marquera le début d’une ère de stabilité tant attendue pour les taux hypothécaires variables. À moins d’une surprise économique, la Banque du Canada a décidé de maintenir ses taux inchangés et a indiqué qu’elle entendait le faire dans un avenir prévisible. Dans ses annonces de taux d’octobre et de décembre, le Conseil d’administration de la Banque a souligné qu’il estimait que le taux directeur actuel était « à peu près adéquat » pour soutenir la conjoncture économique, qui continue de s’adapter à l’évolution de l’environnement commercial.
Les chiffres étonnamment solides du PIB et de l’emploi observés en fin d’année montrent également que la Banque a peu de raisons de mettre en place des mesures de relance supplémentaires pour le moment, et qu’elle n’aura vraisemblablement pas besoin de le faire au cours de l’année à venir, si l’économie évolue comme prévu. Dans l’ensemble, la Banque s’attend à ce que l’inflation – un pilier essentiel de sa prise de décision – demeure près de son objectif de 2 % en 2026, avant de remonter vers la fin de l’année à mesure que l’économie se renforce, ce qui pourrait ouvrir la voie à une hausse des taux au début de 2027.
Bien sûr, certains facteurs imprévisibles subsistent. Une série inattendue de nouveaux droits de douane, par exemple, ou l’échec de la renégociation de l’accord commercial AEUMC cet été, replongeraient certainement l’économie canadienne dans l’incertitude et forceraient la banque centrale à changer de cap.
Cela dit, dans le contexte actuel de volatilité des marchés, le discours de la Banque se veut particulièrement ferme. Les emprunteurs à taux variable ont d’ailleurs connu leur lot de changements depuis 2020, lorsque les taux inférieurs à 1 % offerts pendant la pandémie ont cédé la place à l’un des cycles de hausses les plus agressifs de l’histoire de la banque centrale. Les emprunteurs n’ont commencé à ressentir un réel soulagement qu’au second semestre de 2024, lorsque les pressions tarifaires ont contraint la Banque à assouplir les coûts d’emprunt. Nous en sommes donc arrivés à aujourd’hui : après neuf baisses cumulées, le taux de référence a été réduit de plus de moitié pour atteindre un niveau beaucoup plus tolérable de 2,25 %, et le taux préférentiel s’établit à 4,45 % – des conditions d’emprunt relativement favorables qui devraient se maintenir.
2 - Les taux variables gagneront en popularité face à la volatilité des taux fixes
Avec le maintien des taux désormais bien établi, les meilleurs taux hypothécaires variables au Canada devraient rester sous la barre des 4 % et, pour la première fois en trois ans, ils sont plus avantageux que les taux hypothécaires fixes.
Bien que les meilleures options à taux fixe demeurent à moins de 50 points de base des taux variables les plus concurrentiels du marché, cet écart pourrait rapidement se creuser. Cette situation s’expliquerait en grande partie par la volatilité persistante des marchés en 2026 et par son incidence sur les rendements obligataires, qui sous-tendent les taux fixes. S’il est difficile de prédire avec précision l’évolution de ces rendements, plusieurs facteurs pourraient contribuer à leur hausse, notamment une économie canadienne et américaine plus forte que prévu, une Réserve fédérale divisée et les craintes entourant une bulle liée à l’intelligence artificielle, pour ne nommer que ceux-là.
Comme on l’a déjà observé par le passé, les emprunteurs ont tendance à se tourner vers les taux variables lorsque les options à taux fixe deviennent plus coûteuses, malgré le risque inhérent à ce type de prêt. En 2025, les demandes de prêts hypothécaires à taux variable ont représenté 11,5 % de l’ensemble des demandes sur Ratehub.ca, comparativement à 7 % en 2024, soit une hausse de 25,7 % d’une année à l’autre. Ce changement de comportement est devenu particulièrement évident en août, lorsque la probabilité que la Banque recommence à baisser ses taux s’est accrue.
3 - Les emprunteurs à taux fixe paieront 26 % de plus lors du renouvellement en 2026
Au cours du second semestre de 2023 et au début de 2024, les observateurs du marché hypothécaire – y compris la Banque du Canada – ont tiré la sonnette d’alarme quant à la viabilité des renouvellements hypothécaires cette année et l’an prochain. Les taux étant nettement plus élevés qu’en 2020 et 2021, années durant lesquelles bon nombre des prêts hypothécaires à cinq ans renouvelés aujourd’hui ont été contractés, on craignait qu’un grand nombre d’emprunteurs ne subissent un choc de paiement au moment du renouvellement, entraînant ainsi une vague de défauts de paiement hypothécaire.
Heureusement, ce scénario ne s’est pas matérialisé comme on le redoutait. La baisse des taux hypothécaires a permis d’alléger la pression sur les emprunteurs; même s’ils continuent de renouveler leurs prêts à des taux plus élevés, ces paiements demeurent plus gérables, d’autant plus que les emprunteurs arrivant à échéance ont remboursé une plus grande part de leur hypothèque et accumulé davantage de capital.
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Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), 1,15 million de détenteurs de prêts hypothécaires renouvelleront leur prêt en 2026, et 940 000 autres le feront en 2027. À quoi pourraient ressembler leurs paiements hypothécaires?
D’après les calculs de Ratehub.ca, les emprunteurs à taux fixe feront face à la hausse la plus marquée au moment du renouvellement, avec une augmentation de 26 % de leurs paiements.
Ces chiffres reposent sur un prix d’achat de 607 280 $*, une mise de fonds de 10 %, une durée de cinq ans et un amortissement sur 25 ans. En supposant que l’emprunteur ait contracté son prêt hypothécaire à 1,39 % en décembre 2020, ses paiements mensuels se sont établis à 2 224 $. En renouvelant cette année au taux le plus bas actuellement offert de 3,94 %, avec un solde hypothécaire réduit à 465 843 $, son nouveau paiement mensuel atteindrait 2 800 $, soit une hausse de 576 $ par mois, ou 6 912 $ par année.
4 - Les emprunteurs à taux variable qui renouvellent leur prêt paieront 4 % de plus
La situation demeure toutefois plus facile à gérer pour les emprunteurs à taux variable, puisque ceux-ci ont déjà absorbé une bonne partie de la hausse des taux. Selon nos calculs, ces emprunteurs verront leurs paiements mensuels augmenter de 4 %, sur la base d’un taux initial de 0,99 % et d’un paiement mensuel de 2 121 $. D’ici décembre 2025, le taux de ce même emprunteur aurait augmenté à 2,99 % – en tenant compte des cycles respectifs de hausses et de baisses de taux de la Banque du Canada depuis 2020** – et son paiement mensuel serait passé à 2 690 $.
Au moment du renouvellement, en optant pour la meilleure option variable actuelle sur cinq ans à 3,45 %, avec un solde hypothécaire de 485 535 $, le paiement mensuel atteindrait 2 797 $, soit 107 $ de plus par mois, ou 1 284 $ de plus par année.
*Prix moyen des maisons au Canada en décembre 2020, ACI
** Après 10 hausses de taux allant de 25 à 100 points de base entre mars 2022 et juillet 2023, suivies de 9 baisses de taux allant de 25 à 50 points de base entre juin 2024 et octobre 2025.
Vous souhaitez calculer comment vos propres paiements pourraient évoluer au moment du renouvellement? Consultez le calculateur de renouvellement hypothécaire de Ratehub.
5 - L’absence d’allègement des taux entraînera une stagnation des ventes immobilières
Le marché immobilier canadien a sous-performé par rapport aux attentes en 2025. Alors que les experts immobiliers anticipaient initialement une reprise alimentée par une baisse des taux, les menaces tarifaires américaines et les bouleversements des marchés ont freiné la prise de décision de nombreux acheteurs. En conséquence, les stocks se sont graduellement accumulés dans plusieurs des plus grands centres immobiliers du pays, faisant pencher la balance en faveur des acheteurs.
Bien que les ventes aient commencé à reprendre légèrement au cours du second semestre, les prix des logements ne se sont pas encore redressés, même s’ils demeurent largement supérieurs aux revenus dans la plupart des grands marchés. La décision de la Banque du Canada de maintenir ses taux inchangés signifie qu’aucun allègement des taux n’est à prévoir, ce qui contribuera peu à stimuler la demande. Toutefois, pour les acheteurs motivés, l’abondance de l’offre et les taux hypothécaires ayant atteint leur plus bas niveau offrent une excellente occasion d’entrer sur le marché dès maintenant, ce qui pourrait se traduire par une légère reprise de l’activité après la période des Fêtes.
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Penelope Graham, Directrice des contenus
Penelope Graham a plus de dix ans d'expérience dans le domaine de l'immobilier, des hypothèques et de la finance. Ses commentaires sur le marché du logement sont publiés dans les médias nationaux et locaux.