L'IPC canadien atteint 1,7 % en avril en raison de la chute des prix de l'énergie
Les derniers chiffres de l'inflation sont le reflet de deux ensembles de données. À première vue, le chiffre global de 1,7 % du mois d'avril semble prometteur, mais il est inférieur à l'objectif de 2 % de la Banque du Canada et aux 2,3 % enregistrés en mars.
Toutefois, les fortes baisses des coûts de l'énergie - dues à la fois à la suppression de la taxe carbone pour les consommateurs et aux réductions de prix à la station-service - cachent des augmentations de coûts plus tenaces, qui s'avéreront préoccupantes pour les consommateurs et notre banque centrale. Selon Statistique Canada, les prix de l'essence ont chuté de 18,1 % d'une année sur l'autre en avril, alors qu'ils n'avaient baissé que de 1,6 % en mars. Cette chute des prix est le résultat d'une baisse générale de la demande mondiale de pétrole, alors que les tarifs douaniers pèsent sur les échanges commerciaux et que l'OPEP augmente sa production. Si l'on exclut la composante énergétique, l'inflation aurait été de 2,9 % en avril.
Les prix à la consommation sont déjà en hausse
Une fois que ces effets de base se seront dissipés, les prochains rapports sur l'inflation montreront probablement mieux comment la hausse des prix se répercute sur l'économie canadienne. Cette hausse se fait déjà sentir à l'épicerie, où les coûts des denrées alimentaires augmentent régulièrement. Selon StatCan, le coût global des aliments achetés en magasin a augmenté de 3,8 % en avril, dépassant l'IPC d'ensemble pour le troisième mois consécutif. Les hausses de prix les plus importantes ont été observées pour les légumes frais (+3,7 %), le boeuf frais ou congelé (+16,2 %), le café et le thé (+13,4 %), le sucre et les confiseries (+8,6 %) et les autres préparations alimentaires (+3,2 %).
Les prix des produits alimentaires achetés dans les restaurants sont également en hausse, augmentant de 3,6% d'une année sur l'autre, après une hausse de 3,2% en mars.
Les mesures de l'inflation de base dépassent les 3 %.
La principale épine dans le pied de la Banque du Canada sera cependant les mesures de l'inflation de base, qui montrent des instantanés variables de la croissance des prix, sans les extrêmes. Les deux principales mesures observées par la banque centrale - appelées IPC médian et IPC trim - ont toutes deux augmenté au-dessus de 3 % en avril, à 3,2 % et 3,1 %, respectivement.
Une fois de plus, cela est dû en grande partie à l'augmentation des coûts des denrées alimentaires. Les économistes avaient largement anticipé que ces chiffres de base resteraient inchangés dans ce rapport, de sorte que leur augmentation sera troublante pour les décideurs de la banque centrale, qui s'efforcent de maintenir l'inflation dans la limite de l'objectif de 2 %.
L'impact du rapport sur l'inflation d'avril sur les taux hypothécaires
Des perspectives d'inflation floues pourraient se traduire par des taux d'intérêt plus élevés ou stagnants à court terme, ce qui constituerait un revirement par rapport aux réductions dont ont bénéficié les acheteurs de prêts hypothécaires au cours des derniers mois. Selon StatCan, les frais d'intérêt hypothécaire ont augmenté de 6,8 % d'une année sur l'autre, contre 7,9 % en mars, 9 % en février et 10,2 % en janvier. Dans l'ensemble, les coûts d'habitation se sont établis à 3,4 %, en hausse de 0,1 % par rapport à mars.
Ces baisses des coûts d'emprunt sont dues à une série de réductions de taux de la Banque du Canada entre juin 2024 et mars 2025, qui ont eu un impact sur les taux hypothécaires variables, ainsi qu'à des rendements obligataires plus faibles, qui ont tiré vers le bas les taux hypothécaires fixes offerts par les prêteurs.
Les taux fixes ont été particulièrement bas au début du mois d'avril, lorsque les rendements des obligations américaines et canadiennes ont chuté en raison du chaos provoqué par les tarifs douaniers sur les marchés. Toutefois, les rendements sont remontés depuis, les investisseurs restant méfiants à l'égard des actifs garantis par les États-Unis ; depuis ce matin, le rendement à cinq ans du gouvernement canadien, qui sous-tend largement le coût des emprunts à cinq taux, a augmenté pour atteindre la partie supérieure de la fourchette de 2,8 %.
Ce dernier rapport sur l'IPC place également la Banque du Canada dans une position délicate, car le chiffre principal, combiné au faible rapport sur l'emploi d'avril, lui donne une marge de manœuvre pour réduire les taux à court terme, mais les mesures de base indiquent que les prix sont sur le point d'augmenter. La Banque devra peser les risques de retarder les mesures de relance et d'alimenter l'inflation lors de sa prochaine annonce, le 4 juin.
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Quel est l'impact de l'inflation sur l'épargne et les investissements ?
En général, la hausse de l'inflation est une mauvaise nouvelle pour les investisseurs, car elle réduit les rendements. Cependant, il y a une lueur d'espoir pour les épargnants et les investisseurs plus passifs, comme ceux qui détiennent des certificats de revenu garanti (CPG). À l'instar des taux hypothécaires variables, les CPG, ainsi que les comptes d'épargne à intérêt élevé, ont un taux de rendement basé sur le taux de référence du financement à un jour de la Banque du Canada, qu'elle augmente ou diminue pour maîtriser l'inflation.
Bien que ce dernier chiffre global plus bas signifie qu'une hausse de taux est probablement exclue lors de la prochaine annonce de la BdC le 4 juin, les mesures de base contradictoires d'avril pourraient inciter la BdC à ne pas procéder à d'autres réductions jusqu'à ce qu'elle dispose de plus de données économiques globales, ce qui préserverait les taux dont bénéficient actuellement les épargnants et les détenteurs de CPG.
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Penelope Graham, Directrice des contenus
Penelope Graham a plus de dix ans d'expérience dans le domaine de l'immobilier, des hypothèques et de la finance. Ses commentaires sur le marché du logement sont publiés dans les médias nationaux et locaux.