La demande de taux hypothécaires variables en baisse de 21 % par rapport à 2022
La demande de prêts hypothécaires à taux variable a chuté au cours de l'année écoulée - grâce à une série de hausses rapides des taux de la Banque du Canada - alors que les emprunteurs reviennent à l'espace à taux fixe pour des prix légèrement inférieurs et une stabilité globale.
De nouvelles données de Ratehub.ca révèlent que les demandes de taux variables sur cinq ans n'ont représenté que 5 % de toutes les demandes d'utilisateurs jusqu'à présent en 2023, contre 26 % en 2022. Pendant ce temps, l'appétit pour les taux hypothécaires fixes a régulièrement rebondi, les demandes de prêts hypothécaires fixes sur cinq ans représentant 79 %, contre 66 % en 2022.
Alors que les prêts hypothécaires à taux fixe ont toujours été les plus importants au Canada - avec une part de marché d'environ 80 % - la demande de produits à taux variable a bondi au cours de la pandémie, après que la Banque du Canada a abaissé son taux directeur à un niveau record de 0,25 % en mars 2020. Il est resté à ce niveau jusqu'en mars 2022, offrant aux emprunteurs de l'époque l'une des dettes à taux variable les plus basses de l'histoire sur une période de deux ans.
Les emprunteurs se sont empressés de profiter de ces rabais importants. Selon un rapport publié par la Banque du Canada en novembre 2022, la part de marché des prêts hypothécaires variables a atteint un tiers de l'encours total des prêts hypothécaires, contre 20 % à la fin de l'année 2019.
Selon Philippe Simard, Directeur hypothécaire au Québec chez Ratehub.ca, bien que les taux fixes aient également été fixés à des niveaux historiquement bas à l'époque, l'écart entre les deux types de taux était trop attrayant pour que de nombreux emprunteurs le laissent passer.
« Pendant la pandémie, les taux hypothécaires ont atteint des niveaux historiquement bas, descendant jusqu'à 0,85 % pour un taux variable sur 5 ans et 1,39 % pour un taux fixe sur 5 ans », indique M. Simard. « Les taux variables sont devenus plus populaires que d'habitude, représentant plus de 20 % des demandes de taux hypothécaires de Ratehub.ca. »
Mais cette tendance s'est brusquement inversée à partir du premier trimestre 2020, la montée en flèche de l'inflation ayant incité la Banque du Canada à augmenter son taux pour tenter de ramener l'indice des prix à la consommation dans sa fourchette cible de 2 %. La combinaison de la reprise économique qui a suivi l'enfermement, des tensions géopolitiques et des problèmes logistiques de la chaîne d'approvisionnement a fait grimper l'indice à 8,1 % en juin 2022, son niveau le plus élevé en 40 ans.
Les huit hausses de taux de la banque centrale qui en ont résulté ont porté son taux directeur à son plus haut niveau depuis 15 ans, soit 4,5 %, taux qui devrait rester inchangé dans un avenir proche. Cela a conduit le meilleur taux variable sur cinq ans d'aujourd'hui à 5,55 %. Les taux fixes ont quant à eux baissé ces dernières semaines, en raison de la volatilité du marché obligataire. La meilleure offre de prêt hypothécaire fixe sur cinq ans est actuellement de 4,29 %. L'écart de 126 points de base, combiné à la stabilité d'un taux fixe dans un environnement de taux volatils, fait qu'il est à nouveau souhaitable de bloquer un taux fixe.
« Avec les hausses de taux de la Banque du Canada et l'augmentation générale des taux hypothécaires, les consommateurs sont revenus aux taux fixes. En 2023, 95 % des demandes de taux adressées à Ratehub.ca concernent des taux fixes », poursuit M. Simard.
Les emprunteurs envisagent de plus en plus des options à plus court terme
Une autre tendance marquante relevée par les données est l'augmentation de la demande de taux fixes à plus court terme, les emprunteurs cherchant à s'engager tout en laissant leurs options ouvertes pour un environnement de taux potentiellement plus bas dans les années à venir.
« Les consommateurs sont actuellement plus intéressés que d'habitude par les taux fixes à court terme, car de nombreux experts prévoient une baisse des taux dans les années à venir », ajoute M. Simard. « L'obtention d'un taux fixe à court terme permet aux emprunteurs de profiter plus tôt des futures baisses de taux. »
La demande de taux variables ne reviendra pas avant les baisses de taux
La Banque du Canada, tout comme la Réserve fédérale américaine, a fermement indiqué qu'elle avait terminé son cycle de hausse des taux, tant que les données économiques, telles que la croissance de l'inflation et le PIB, sont conformes à ses prévisions. Cela a conduit les marchés à anticiper une stabilité des taux pour le reste de l'année.
Toutefois, tant que la Banque ne réduira pas activement son taux directeur, il n'y aura pas de soulagement à l'horizon et, compte tenu de la lenteur de la décrue de l'inflation, les coûts d'emprunt élevés persisteront dans les mois à venir.
Comme l'a déclaré le gouverneur de la Banque, Tiff Macklem, après l'annonce des taux le 12 avril, bien que le dernier résultat de mars de 4,3 % soit un soulagement bienvenu, la Banque prévoit que l'IPC restera au-dessus de son objectif au moins jusqu'en 2024, lorsque des facteurs de récession potentiels pourraient inciter la banque centrale à réduire les taux pour la première fois en deux ans.
Et, selon M. Simard, la popularité des taux variables ne rebondira pas dans l'intervalle.
« Nous pensons que la demande de taux variables restera faible et que l'intérêt pour les taux fixes à court terme restera élevé jusqu'à ce que la Banque du Canada réduise le taux directeur par rapport à son niveau actuel », dit-il.